Stérilisation ou contraception permanente ?
Il est habituel d’identifier stérilisations féminine (occlusion tubaire) et masculine (vasectomie). Il est difficile d’admettre cette confusion.
La vasectomie, contrairement aux stérilisations tubaires, est réversible à un double titre : avant l’intervention, les spermatozoïdes peuvent être conservés pour être utilisés en AMP ; la réparation chirurgicale est facile et effective dans 80% des cas et suivie de grossesse dans 50% des cas (A Jardin et V Izard, p.131 de l’ouvrage « La contraception masculine » chez Springer-Verlag France 2013).
Pour la vasectomie, le terme de contraception permanente paraît donc plus adapté que celui de stérilisation masculine.
Aspects juridiques et financiers:
Légale en France depuis 2001. Son coût de 67€ est bien inférieur à celui la ligature des trompes, même dans sa version « Essure® ». Depuis octobre 2012, la contraception « définitive » est de nouveau remboursée par la sécurité sociale pour les femmes et les hommes sans restriction d’âge.
Le retard français:
50 millions d’hommes dans le monde utilisent la vasectomie comme contraception : 14% en Chine, 13% aux Etats-Unis, 21% en Grande Bretagne, 9% en Espagne. Mais ils ne sont que quelques milliers en France et on ne compte que 200 conservations de sperme/an avant vasectomie (Fédération française des CECOS).
Ce retard français demande à être expliqué : tabous, guerre des sexes, atteinte des profits de l’industrie pharmaceutique ? (A.Jardin et V.Izard p.132-35)
Réflexions sur la vasectomie contraceptive (Alain JARDIN, professeur d’urologie):
La loi Neuwirth, presque cinquantenaire, stipulait que les individus peuvent, à bon escient, réclamer et obtenir de leur médecin les moyens de limiter leur fécondité.
Nous savons que la stérilisation est la première méthode contraceptive utilisée dans le monde que 26 % des américains du nord de 50 à 70 ans sont vasectomisés, qu’aux USA il se pratique, chaque année, environ 500 000 vasectomies dans un but contraceptif, alors qu’en France, quelques centaines.
En France, la pratique de la vasectomie contraceptive avant 1974 était quasi inexistante. Avec la création des CECOS qui permettait de conserver le sperme dans les meilleures conditions la vasectomie a commencé à être pratiquée. L’état d’esprit devant cette technique paraissait évoluer et en 1978 nous rapportions avec Pierre Jouannet l’étude de nos 100 premiers cas.
En fait la vasectomie ne s’est jamais imposée. La vasectomie échappe à la mondialisation, et pourtant la vasectomie est
– une contraception et on sait que, en France, 70% des couples utilisent un moyen contraceptif.
– un moyen simple de contraception. La vasectomie est une intervention chirurgicale simple, faite en ambulatoire sous anesthésie locale. Les complications sont très rares .Le nombre d’échecs, pratiquement toujours dus à un problème technique est inférieur à 1%. La stérilité peut être réversible par un geste chirurgical dans plus de la moitié des cas. La conservation du sperme, avant vasectomie permet de ne plus considérer cette intervention comme entraînant une stérilité définitive.
– la plus économique des contraceptions
– n’entraîne pas de conséquences néfastes pour la santé : les complications immédiates sont mineures mais émaillent environ 10% des suites de vasectomie (ecchymose, hématome, déférentite voir épididymite, douleur persistant plus de 24 heures). Une littérature assez abondante concerne des complications à distance de la vasectomie : athérome-cancer du testicule-cancer de la prostate. En fait les méta-analyses pratiquées ont montré l’absence de corrélation entre la vasectomie et l’incidence de ces pathologies. Enfin la santé sexuelle est perçue dans les enquêtes comme inchangée ou meilleure exceptionnellement altérée.
– un moyen licite et légal de contraception : la Direction générale de la Santé a édité une plaquette de 26 pages pour éclairer la population sur la stérilisation dans un but contraceptif.
Pour trouver des urologues ou des services d’urologie pratiquant la vasectomie, se renseigner auprès de l’Association Française d’Urologie (urofrance.org) et des CECOS (cecos.org).