ARDECOM – Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine
Dans la mouvance des années 70, en lien avec l’existence des groupes féministes, des groupes de paroles d’hommes se sont constitués un peu partout en France.
Ces hommes avaient envie de se retrouver sous un autre mode que celui habituel des hommes (joutes verbales, connivence dans l’alcool, …).
Les discussions permettaient de remettre en cause les clichés, les pratiques, les modes de relation, dans lesquels ils se sentaient enfermés et mal à l’aise. Là, ils pouvaient parler de ces images imposées par la société, de leur(s) sexualité(s), de leurs désirs, de leurs relations aux femmes, de leurs relations entre hommes, de la paternité… et de la contraception. Un journal fut créé : « Pas rôles d’homme ».
Quelques uns d’entre eux avaient été confrontés (douloureusement) aux avortements de leurs partenaires.
La remise en cause de leur statut d’homme dans une société patriarcale passait aussi par le partage des tâches domestiques et familiales, par le refus d’être des « mâles » producteurs, productifs et performants et par une autre approche de leur corps et de leur sexualité.
Les échanges n’étaient pas que des discussions théoriques mais relevaient de l’intime et débouchaient sur des changements des pratiques dans leur quotidien.
La question de la contraception, du partage des rôles, des responsabilités et des risques dans la sexualité constituait un thème récurrent. Et méritait un passage à la pratique, au-delà de l’investissement dans la contraception des partenaires, de la capote, du retrait.
A cette époque, en France, nous étions confrontés au rejet du caoutchouc comme pratique contraceptive et la vasectomie était encore interdite.
À Paris, un groupe d’hommes décida de passer à la pratique et, après quelques recherches, ils rencontrèrent Jean-Claude Soufir, médecin endocrinologue, diabétologue (et militant).
Avec lui, ils décidèrent de commencer une expérimentation dans laquelle ils tenaient à être acteurs et non « cobayes » de contraception hormonale masculine, à partir de produits vendus en pharmacie, utilisés en association.
Afin de partager cette expérience avec d’autres hommes, ils décidèrent de créer l’Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine (ARDECOM).
Un article dans Libération sur cette expérimentation permit à des dizaines d’hommes en France, appartenant à des groupes de parole d’hommes ou seuls, de rejoindre ARDECOM et de constituer des groupes locaux qui se contraceptèrent en prenant contact localement avec des médecins qui acceptaient de les suivre.
À partir de 1979, ARDECOM réunit, durant une petite dizaine d’années, environ 200 adhérents.
Une centaine d’hommes se sont contraceptés par la méthode hormonale ou par la chaleur. Cette dernière méthode a été mise au point par le groupe de Toulouse, autour du Dr Roger Mieusset.
À l’occasion de 2 rencontres annuelles, joyeuses et festives, une cinquantaine de membres d’ARDECOM échangeaient sur leurs expérimentations et poursuivaient les discussions sur les thèmes évoqués dans les groupes.
L’association reprend force et vigueur en 2012-2013 à partir des groupes de paroles encore actifs, de la sortie du livre de J-C
Soufir et R.Mieusset, de l’existence du protocole de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) que tout médecin informé peut prescrire. Il faut aussi souligner le soutien du Planning Familial.