La méthode thermique consiste a augmenter légèrement la température des testicules grâce à la chaleur corporelle à l’aide d’un sous-vêtement adapté.
- En images
- Efficacité
- Réversibilité
- 15h par jour
- En cas d’oubli
- Contre-indications
- Effets secondaires
- Confort
- Mise en route
- Prix
- Comment se le procurer ?
En images
Nous avons pu constater qu’une vidéo de démonstration permet de comprendre bien plus facilement le principe du sous-vêtement que de longs discours. Nous avons filmé l’enfilage et le retrait du sous-vêtement. Si la vue d’un sexe masculin ne vous dérange pas, vous pouvez vous rendre sur cette page. Si vous préférez des schémas, ils se trouvent sur celle-ci.
Efficacité
La méthode thermique est très efficace à condition de respecter le protocole établi.
Lorsque le sous-vêtement est utilisé correctement, on constate un effondrement du nombre de spermatozoïdes produits. S’il en reste parfois quelques uns, ils ont pour la plupart perdu la mobilité qui leur est nécessaire pour atteindre l’ovule, or l’éjaculat doit contenir un nombre important de spermatozoïdes mobiles pour qu’une fécondation puisse avoir lieu.
La réalisation de spermogrammes permet de constater l’effet contraceptif et de rassurer ainsi les utilisateurs et leur partenaire. Par ailleurs, les méthodes contraceptives n’ont pas vocation à s’exclure : elles peuvent être complémentaires. Si la pilule est théoriquement très efficace, en pratique, les oublis ne sont pas rares1. Ils sont à l’origine de près du quart des interruptions volontaires de grossesses2. Une femme sur trois a recours à l’IVG au moins une fois dans sa vie3. Ce nombre pourrait diminuer en utilisant deux méthodes contraceptives plutôt qu’une. Les femmes ne devraient pas porter seules la charge de la contraception.
Au cours des dernières décennies, la méthode thermique a été testée par plus d’une centaine d’utilisateurs. Une seule grossesse non désirée est intervenue et elle était due à une mauvaise compréhension de la procédure lors de l’arrêt de la méthode : l’utilisateur concerné pensait à tort bénéficier encore quelques temps d’un effet contraceptif suffisant. Les observations faites jusqu’à présents sont très encourageantes, même si elles ne répondent pas au protocole scientifique qui permettrait de chiffrer l’efficacité. En théorie, elle est excellente, en pratique, cela dépendra de sa bonne utilisation.
1. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/104000047.pdf#page=33 Tableau 6
2. https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue69/20100202.RUE4800/trois-ivg-sur-quatre-concernent-des-femmes-sous-contraception.html
3. https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/22860/population.societes.2015.518.ivg.fr.pdf#page=2&zoom=auto,-47,38
Réversibilité
Toutes les personnes ayant utilisé cette méthode et qui ont ensuite souhaité procréer y sont parvenues sans difficulté. La plus longue durée d’utilisation suivie d’un désir de grossesse est actuellement de 4 ans. S’il n’a pas été vérifié par l’expérience qu’on puisse l’utiliser plus longtemps encore sans rencontrer par la suite de problèmes de fertilité, rien ne suggère, ni en théorie, ni en pratique, qu’il faille nourrir cette crainte.
Quelques précautions doivent être prises lorsqu’on cesse de porter le sous-vêtement contraceptif. La production de spermatozoïdes reprend progressivement. Même si le retour à une fertilité habituelle peut prendre quelques mois, l’éventualité d’une grossesse doit être prise en considération dès l’arrêt de la méthode. Il est conseillé d’utiliser une autre méthode contraceptive durant les trois premiers mois suivant l’arrêt : il n’a pas encore été possible de mener une étude pour vérifier que l’ADN des premiers spermatozoïdes produits n’est pas altéré.
15h par jour
Le sous-vêtement doit être porté 15 heures par jour, de préférence pendant les heures d’éveil. On l’enfile quand on se lève, et on l’enlève quand on se couche. Si on l’a retiré quelques heures pour se baigner ou faire l’amour, on rattrape ces heures en s’endormant avec le sous-vêtement. On peut l’ôter si on se réveille pendant la nuit dès qu’on a atteint le nombre d’heures requis. Durant la journée, il n’est pas nécessaire de se chronométrer quand on passe aux toilettes ou sous la douche. S’il faut s’efforcer de le porter 15 heures, on n’a pas de crainte à avoir s’il arrive qu’on en ait cumulé que 14. En revanche, l’exception ne doit pas devenir une habitude, et il ne faut pas passer en dessous de ce seuil. Si le sperme ne contient aucun spermatozoïde, le risque de grossesse est nul. A moins d’un million par millilitre, il est extrêmement faible, du même ordre qu’en utilisant le DIU, mais il n’est plus tout à fait nul. Il est donc préférable de garder autant que possible une marge de précaution.
L’effet contraceptif est plus important pendant les heures d’éveil car la température des testicules augmente naturellement pendant le sommeil. Il n’est cependant pas nécessaire de prendre en compte cet aspect s’agissant des heures de rattrapage.
En cas d’oubli
Si on n’a porté le sous-vêtement que 12 heures sur 24, on ne peut pas les rattraper en le portant 18h le lendemain. Il s’agit bien de le porter 15 heures par tranche de 24. On devra donc considérer qu’il y a eu oubli. On doit alors mettre en place une autre méthode de manière transitoire, par exemple en utilisant des préservatifs, le temps de pouvoir garantir de nouveau l’effet contraceptif, ce qui prend environ un mois.
Contre-indications
En l’absence de toute étude réalisée jusqu’alors, il n’est pas recommandé d’utiliser cette méthode chez les hommes qui ont des antécédents d’anomalies de la descente des testicules (cryptorchidie, ectopie) traitées ou non, de hernie inguinale traitée ou non, ou de cancer du testicule. Toujours par précaution, une grande obésité ou la présence d’une varicocèle de grade 3 sont pour le moment des contre-indications à cette méthode.
Enfin, le spermogramme doit être considéré comme normal : concentration de spermatozoïdes supérieure à 15 millions/ml, mobilité progressive supérieure à 32 %, formes normales selon la technique utilisée.
Aucun bilan biologique sanguin n’est nécessaire.
Effets secondaires
La méthode thermique ne perturbe pas le système hormonal. Ni la libido, ni les érections ne sont altérées. On n’observe pas de modification du sperme, ni en aspect, ni en volume. En y prêtant attention, on constate une légère diminution du volume testiculaire. D’une part elle est peu perceptible, d’autre part elle est réversible avec l’arrêt de la méthode.
Confort
Il est plus facile de s’habituer à porter ce sous-vêtement qu’une paire de lunettes. Une courte période d’adaptation est nécessaire, mais en trois ou quatre jours, il devient difficile de sentir si les testicules sont en position haute ou basse. On peut alors dans les premiers temps éprouver souvent le besoin de vérifier la position des testicules en les palpant.
Un cordon permet d’ajuster le diamètre de l’orifice par lequel passe la verge. Si on le serre trop peu, les testicules peuvent redescendre, si on le serre trop fort, on peut provoquer une légère irritation du scrotum. Cette prise de repères est sans doute la principale difficulté qu’on peut rencontrer lors de la mise en place de la méthode mais il suffit de patienter quelques jours pour y remédier.
Mise en route
La méthode thermique ne peut être efficace immédiatement et s’envisage sur une période assez longue. On effectue préalablement un premier spermogramme pour vérifier qu’il n’existe pas de problème de fertilité. On porte ensuite le sous-vêtement quotidiennement. Un délai d’environ trois mois est nécessaire avant de pouvoir constater l’effondrement du nombre de spermatozoïdes dans le sperme grâce à un spermogramme. On les renouvelle aussi souvent que nécessaire pour vérifier que la méthode est toujours correctement appliquée. Il est recommandé d’en faire chaque mois au début puis de les espacer si on est certain de continuer à respecter le protocole.
Prix
Les sous-vêtements sont pour le moment réalisés à l’unité par une couturière. La production est donc pour le moment restreinte et onéreuse. Quand elle sera industrialisée, leur prix devrait être inférieur à 15€ l’unité. Comme il est nécessaire d’en avoir plusieurs, un investissement initial sera nécessaire. Toutefois, l’usure est très lente et le coût de cette méthode est finalement très faible. Une prise en charge par la sécurité sociale doit être envisagée.
Comment se le procurer ?
Pour le moment, le Dr Mieusset est le seul médecin qui propose de fournir les sous-vêtements et d’assurer le suivi médical. Il est nécessaire de le rencontrer au moins une fois en consultation au CHU de Toulouse. Il lui est impossible d’accéder à toutes les demandes.
Des ateliers permettant d’apprendre à fabriquer soi-même des sous-vêtements contraceptifs et à les utiliser existent dans le Finistère, à Paris et à Toulouse. Nous espérons que des initiatives locales que nous pouvons accompagner permettront que d’autres ateliers voient le jour. Le suivi médical n’est alors pas assuré. Il est nécessaire de trouver un médecin qui accepte de prescrire les spermogrammes, de confectionner soi-même les sous-vêtements, de s’informer pour les utiliser correctement.
Nous avons réalisé trois tutoriels sous forme de vidéos :
- le modèle slip (indisponible pour le moment)
- le modèle jock-strap
- le modèle soutien-gorge
Vous pouvez vous référer également au tutoriel imprimable accompagné des conseils de bonne pratique pour se lancer dans la contraception thermique proposés par le collectif Thomas Bouloù. D’autres documents sont proposés par ce collectif.
Les femmes se sont mobilisées pour obtenir le droit à l’avortement et à la contraception et ont obligé les institutions à répondre à leurs attentes. La méthode thermique permet aux hommes de s’emparer de cette question et d’obtenir des résultats. Il n’est plus possible de laisser ces questions à la charge des femmes et d’attendre qu’une hypothétique pilule pour homme voit le jour.
Un infirmier a mis au point un anneau en silicone, l’andro-switch, permettant de maintenir les testicules dans le canal inguinal. Il les fabrique pour le moment en petite série.
D’autres initiatives sont possibles et nécessaires pour permettre l’émergence de multiples méthodes de contraception masculine.