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Chaleur et fertilité

Les testicules sont des organes externes, qui pendent (dans les bourses) entre les jambes. Grâce aux particularités de sa peau et à la contraction de certains muscles, le scrotum régule la température des testicules. Situé à l’extérieur de la cavité pelvienne, il les maintient à une température inférieure d’environ 2 ou 3°C à la chaleur corporelle, ce qui est nécessaire à la production des spermatozoïdes : ceux-ci sont en effet stoppés dans leur développement par une température trop élevée. Lorsqu’il fait froid (ou lors d’une érection), le scrotum se contracte et rapproche ainsi les testicules du corps, ce qui les réchauffe ; lorsqu’il fait chaud, au contraire, il se dilate et les éloigne du corps, ce qui fait baisser leur température (au besoin, la sudation intervient également). Chez le fœtus et dans les premiers jours après la naissance, les testicules (formés près des reins) descendent couramment dans les bourses par les canaux inguinaux. Dans environ 80% des cas, cela se fait spontanément durant la première année de vie. Si les testicules ne descendent pas (anomalie qui porte le nom de « cryptorchidie ») une intervention chirurgicale est systématiquement effectuée, si possible avant l’âge de 18 mois. Non traitée, la cryptorchidie des deux testicules entraîne en effet la stérilité.

Présentation de la méthode

La méthode de contraception thermique vise à reproduire une situation de cryptorchidie* « artificielle » – et limitée dans le temps – en remontant les testicules à l’entrée des canaux inguinaux, à l’aide d’un procédé mécanique.

Le risque de cancer du testicule est de 30 à 50 fois plus élevé chez les personnes qui ont présenté une cryptorchidie dans l’enfance, mais il est prouvé que la cryptorchidie et le cancer soient tous deux causés par un troisième facteur ; aucune étude médicale n’indique en tout cas de risque de cancer lié à la contraception thermique.

Le risque de cancer du testicule est de 30 à 50 fois plus élevé chez les personnes qui ont présenté une cryptorchidie dans l’enfance, mais il est prouvé que la cryptorchidie et le cancer soient tous deux causés par un troisième facteur ; aucune étude médicale n’indique en tout cas de risque de cancer lié à la contraception thermique.

La technique consiste à porter un sous-vêtement (ou « dispositif » contraceptif) au quotidien – et non pas pendant les rapports sexuels ! – pendant 15 heures par jour environ, pour placer les testicules à la chaleur du corps, à l’entrée des canaux inguinaux (au niveau de la racine de la verge). Cet endroit leur est assez confortable : beaucoup de personnes ont d’ailleurs les testicules qui « remontent » spontanément dans certaines situations. La température des testicules augmente ainsi de 2°C environ, ce qui inhibe la fabrication des spermatozoïdes et diminue significativement leur concentration dans le sperme.

Pour voir comment on installe et on retire le sous-vêtement, vous pouvez consulter les vidéos que nous avons réalisées. Si la vue d’un sexe filmé en plan serré ne vous dérange pas, vous pouvez consulter cette page.

Pour voir comment on installe et on retire le sous-vêtement, vous pouvez consulter les vidéos que nous avons réalisées. Si la vue d’un sexe filmé en plan serré ne vous dérange pas, vous pouvez consulter cette page.

C’est un groupe de parole d’hommes à Toulouse qui a inventé cette méthode, au début des années 1980 (voir le film « Vade Retro Spermato » de Philippe Lignières). C’est de là que vient le surnom de « remonte-couilles toulousain » (abréviation : « RCT ») donné au sous-vêtement – perfectionné ensuite par le Docteur Roger Mieusset (andrologue qui faisait partie de ce groupe) au CHU de Toulouse.

Efficacité

Le seuil de stérilité (1 million/ml) est atteint au bout de 3 mois de pratique en moyenne ; parfois, cela peut même conduire à l’absence totale de spermatozoïdes (« azoospermie »). Deux spermogrammes espacés de 3 semaines doivent confirmer l’efficacité et la bonne pratique du port du dispositif. Par la suite, il importe de vérifier régulièrement (tous les 3 mois au début, puis tous les 6 mois ou 1 an) que ça fonctionne toujours. Attention : les spermogrammes ne renseignent que sur le jour du recueil de sperme, au mieux sur la période écoulée, mais n’ont de caractère « rassurant » que dans le cadre d’une pratique stable.

Réversibilité

Après l’arrêt du port quotidien de « RCT », le retour de la fécondité peut être très rapide – il est ainsi conseillé d’utiliser un autre moyen de contraception dès le lendemain – mais le retour complet à des caractéristiques de sperme similaires à celles d’avant (premier spermogramme de référence) peut prendre 6 à 9 mois.

 

Effets secondaires

Les testicules perdent du volume, qu’ils retrouveront ensuite avec le retour de la fécondité. Il n’y a pas d’effet secondaire indésirable connu à cette méthode (y compris sur la libido étant donné l’absence d’impact sur le système hormonal) mais le recul est encore très faible : le nombre d’études médicales est restreint, le nombre de personnes ayant porté le sous-vêtement est très réduit, la pratique est restée marginale depuis son invention… Jusqu’ici, elle n’a pas été testée sur une période excédant 4 ans. Il existe des contre-indications médicales (rares) à cette méthode : essentiellement les antécédents de cryptorchidie, de hernie inguinale, de cancer des testicules, de varicocèles (varices sur les veines qui irriguent les testicules).

En cas d’oubli

Il est difficile de savoir quelles sont les marges de liberté que permet cette méthode dans son utilisation quotidienne : que se passe-t-il si on passe une journée sans le porter, ou si on le porte moins longtemps que d’habitude au cours d’une journée ? Rien ne l’affirme clairement dans les études médicales publiées, mais cela peut induire une augmentation voire un « effet rebond » de la fécondité dans les semaines qui suivent. Il est donc conseillé de ne pas avoir d’irrégularité dans le port (de même, il est déconseillé de le porter 24h/24). En cas d’interruption : reprendre le protocole à zéro, en se considérant comme « non-contracepté ».

Comment se le procurer ?

Un seul médecin prescrit cette contraception en France (et fournit gratuitement un sous-vêtement sur mesures) : Roger Mieusset. Cependant, les équipes médicales du Planning Familial sont en passe de le faire également : à Paris, Grenoble…

Nous sommes quelques-un.e.s, loin de Toulouse, à nous être lancé.e.s dans la confection de sous-vêtements « remonte-couilles » pour notre propre usage, en considérant que la juste position des testicules et les analyses de sperme (prescrites par nos médecins généralistes) nous permettent d’être absolument sûr.e.s de notre maîtrise de la fécondité.

Les différents dispositifs que nous avons testés n’ont pas la même efficacité contraceptive pour tou.te.s, et la fabrication do it yourself demande quelques réflexions, apprentissages, essais, retouches, etc.

L’entraide et l’accompagnement mutuel nous semblent indispensables pour y arriver. C’est l’occasion de se retrouver entre garçons pour discuter de nos parcours contraceptifs, de nos pratiques sexuelles, des relations affectives, des rapports entre hommes et femmes, etc.

En attendant une meilleure diffusion & accessibilité de la méthode thermique (à laquelle nous essayons de contribuer à notre mesure), nous proposons plusieurs solutions pour fabriquer soi-même son dispositif contraceptif testiculaire :

– depuis 2 ans, des ateliers sont régulièrement proposés dans le cadre de tournées d’intervention baptisées « Contracep’tours » (et qui nous ont mené un peu partout en France et jusqu’en Belgique) ;

– des guides techniques ou « tutoriels » sont élaborés petit à petit (et leur version « brouillon » peut être envoyée par courrier électronique à la demande) ;

– un atelier « permanent » mensuel s’est ouvert dans le Finistère depuis janvier 2018.

Thomas Bouloù